Contretemps est une grande vague qui entraîne dans son sillage une foule de choses oubliées. Au moment de fermer le livre, nous entendons encore son fracas assourdissant, notre vie y explose et s’en va rejoindre le cours de l’histoire. Ce bruit ne nous quitte plus. Il est fait de la matière même de nos vies.
Si, comme l’affirme Paul Ricoeur, le propre des systèmes totalitaires est de détruire la capacité des communautés à écrire leur histoire, Contretemps nous apparaît comme une formidable reconquête de notre passé, une victoire sur l'autocensure, l’oubli et la culpabilité. Livre violent et sans concessions, Contretemps est aussi un pont imaginaire entre le Chili de l’exil et celui de l’intérieur, entre les rêves révolutionnaires des années 70 et le pragmatisme capitaliste des années 90.
Enfin et avant tout, Contretemps est un roman écrit dans une langue étrangère au sens que Proust prête à ces mots. « Les beaux livres, assure-t-il, sont écrits dans une sorte de langue étrangère. Sous chaque mot chacun de nous met son sens ou du moins son image qui est souvent un contresens. Mais dans les beaux livres tous les contresens qu’on fait sont beaux. » Les contresens de Contretemps viennent comme dans la musique, d’un déplacement de l'accent attendu. Une étrange langue captive le lecteur et l'accompagne le temps d'un périple long de trois cent soixante pages entre Paris et Santiago.
PATRICIO MANNS : Auteur, compositeur, écrivain chilien . Il à publié en France «Cavalier Seul», chez Phébus, «Quatre saisons en Patagonie» chez Gallimard. «VIOLETA PARRA La guitare indocile», chez Les Editions du CERF.
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